Pas de bol

17 Août 2006 , Rédigé par lilith - Pfffft Publié dans #Nouvelles...glop

Je trouve que les journées sont longues. Je regarde l’affichage numérique de mon réveil. Je dors, j’ouvre un œil, 3 heures, les heures s’égrènent, 5 heures, 10 heures, 13 heures. Je ne sais pas quel jour de la semaine on est vraiment, j’ai des hésitations. Les jours se ressemblent. En fait je ne réfléchis pas en jours, mais en infirmières, il y a le jour de Lise, celui de Mahaut, celui de Marianne, de Claire, de Véra. Il y a les nuits aussi, là c’est Régis, Paul, François (nuit, ici il n’y a que des mecs). Moi qui trouvais que je n’avais pas assez de temps, maintenant, ça va. J’en ai trop, j’en donne, mais personne n’en veut du temps de paralysé. Ce n’est pas du bon temps ! C’est du temps mort… du temps qui ne sert à rien ! Il y a quelque temps, on m’aurait donné le choix : on/off, je n’aurais pas hésité. Maintenant, je me dis que ça va peut-être s’arranger, ils vont peut-être trouver un truc pour reconnecter tout ça à mon cerveau. Parce que là, je n’ai pas grand-chose de câblé ! Un demi-machin je suis, une marionnette dont les fils seraient cassés. J’arrive à manger, pas vite mais j’y arrive, enfin que de la soupe, hein ! Parce que ma mâchoire n’est pas en état. D’ailleurs l’autre jour, je n’étais pas en super forme, mais j’ai quand même voulu l’avaler ce foutu brouet. La nausée est montée, (avec la morphine c’est cool t’as pas mal, mais t’as le mal de mer en quasi permanence) alors j’ai sonné, (c’était le jour de Véra), pour qu’elle vienne. Puis j’ai re-sonné et re-re-sonné, j’ai cru que je devenais dingue. En désespoir de cause, j’ai tout vomi dans mon bol, ça m’a fait un bien… une libération ! Bon, je passe… par contre toujours pas de Véra. Alors, ben, j’ai pris le numéro de la clinique (sur la pub dans le tiroir, truc évident à dire mais hyper dur à faire… pour moi) et j’ai téléphoné au standard, qui m’a passé le bureau des infirmières de l’étage des polytraumatisés, mon étage quoi ! Pour enfin demander que quelqu’un veuille bien venir dans la chambre 112, ma chambre ! Ainsi fut fait ! Véra apparu, premier mot : « mais enfin, tu n’as rien mangé, ça va être froid !... » Je n’ai même pas râlé, elle est tellement jolie que je n’ai pas pu ! Tiens d’ailleurs à ce propos, le demi-machin, il a des trucs qui ne marchent pas à moitié. Ça, c’est un super problème ! Vous n’imaginez pas, les infirmières, elles sont toutes plus canons les une que les autres. Moi, forcément… je réagis ! Alors qu’est-ce qu’ fait un mec normal ? Hein ? Hé oui ! Quand il peut, ben, il s’astique la nouille ou il agite son polichinelle. Ben moi, j’ai l’air malin avec mes bras qui marchent au ralenti. Que dalle ! Ça, c’est vraiment con.

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