Embuscade...
Je suis fait comme un rat. J'en étais sûr, depuis le temps, je devrais savoir. Je lui fais confiance et à chaque fois, c'est la même histoire: c'est un plan foireux. Ce coup-ci, pourtant j'y croyais, ça avait l'air évident. Et bien non ! Encore raté ! Le site avait été bien repéré, bien étudié. Il ne restait plus qu'à se faufiler entre les deux portes, se glisser derrière les rideaux, sans se faire repérer, et rester calme. Au fond, c'est vrai, c'était ce que je craignais le plus ! Si près du but, la montée du stress est intense ! Ce fut le pire... mes jambes flageolaient, une sueur glaciale me dégoulinait entre les omoplates et je claquais presque des dents. Je suis resté là, à l'attendre au moins un siècle (bon un peu moins, je vous l'accorde, mais au moins 20 minutes), rien, pas un mouvement, je commençais à douter de l'info de Paul. Quand tout à coup, un bruit furtif raviva mes angoisses. La lumière de la pièce voisine filtrait sous la porte. Des murmures, des chuchotements se propageaient jusqu'à mes oreilles attentives. Ce n'était pas normal : il devait arriver seul. Paul me l'avait juré. Son frère l'avait fait l'année dernière, et ça avait marché. Il lui avait tout raconté, tout expliqué en détail. Pourquoi sont-ils plusieurs?
La porte s'ouvrit. La lumière un instant, ne me permit pas de distinguer les détails de ceux qui entraient. Cela dit, aucun doute n'était permis: il n'y avait pas de chapeau. Pas celui que j'attendais en tous les cas. Mes yeux s'habituèrent progressivement à la luminosité.
Ils entrèrent dans le salon. Comment avaient-ils su que j'étais là ? J'étais vraiment fait. Je n'aurais jamais du être là. J'allais être découvert. C'en était fini de moi.
Mes jambes me lâchèrent définitivement. Je m'écroulais sur le sol, les rideaux avec moi. Et là, dans un dernier regard, un dernier éclat de lucidité, je compris : le père Noël n'avait pas pu venir. Mes parents l'avaient remplacé.