Il fait gris
Il est 10h00. J'ai bu mon café. Regardé le ciel. Il fait gris.
J'ai tout chamboulé chez moi. Les meubles ont déserté leurs anciennes places pour entamer une transhumance incertaine. Ma journée d'hier a été presque entièrement consacrée à ça. Je ne sais pas faire dans la demi mesure. Cette frénésie (relative.. vu mon état de fébrilité) m'a permis de faire le ménage en grand et surtout de retrouver moult objets égarés... En particulier la garantie de mon appareil photo. Eh oui... Il paraît que les appareils photos numériques sont des jetables de luxe... et en moins de 2 ans d'utilisation... ils ont la fâcheuse tendance à tomber en panne... la garantie est d'un an... donc... vu les tarifs de réparation... autant mettre à la poubelle l'objet... Enfin... on va voir... m'a dit mon gentil photographe... Nous allons trouver une solution... pendant ce temps... ben, plus de photos...
Il est 11H00, il fait toujours gris. Je prendrais bien un autre café.
Maintenant mon « coin » bureau a émigré, libérant la pièce de vie. Il ne manque plus qu'une kitchenette dans ma chambre pour retrouver mon âme d'étudiante...
je n'ai pas pu me résoudre à changer mon horizon. Alors je l'ai reconstitué...les photos, les cartes postales, les dessins, qui accompagnaient mes moments de rêverie ont aussi déménagé.
Je regarde les clichés d'avant... j'ai l'impression qu'ils appartiennent à une autre vie, à quelqu'un autre.
Je suis comme atteinte d'une amnésie sans cesse renouvelée. Je me détache de mon passé que je range (comme je range et chamboule la maison) dans des « boites » (encore elles!). Espérant qu'ainsi classés et rangés, mes souvenirs ne viendrons pas déranger mon semblant d'équilibre.
C'est malhonnête de procéder ainsi... cela implique de tenter de rayer de mon existence des pans entiers de ma vie. Mais comment procéder autrement? Comment pourrais-je continuer d'avancer si par ce leurre, je ne me persuadais pas que mes choix sont les bons?