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Mamie Nora Noël
J’ai toujours un peu de mal avec les fêtes de fin d’année. Ce n’est pas le côté « familial » qui me pose problème, non pas vraiment, en fait j’angoisse à l’idée de passer à table. J’adore les fêtes mais pas les repas qui vont avec. Rien que d’y penser, j’ai déjà des problèmes de digestion ! La dinde, les marrons, le foie gras, l’alcool, le chocolat, les gâteaux… et tout le reste ! Cette débauche de bouffe me rend malade. Ah ! Et puis le reste, les cadeaux, ça aussi c’est affolant, moi de mon temps, une orange, un petit Jésus en sucre et… le bonheur ! Aujourd’hui, c’est la quantité qui fait le bonheur, mes petits enfants ne font plus de lettre pour le père Noël. Ils découpent les images des catalogues, avec les prix, et indiquent l’adresse des magasins dans lesquels se trouvent leurs cadeaux. Je n’ai même plus le choix. Si par malheur je déroge à leur liste, je n’ai même pas droit à un regard, ne parlons pas d’un éventuel « merci », ce terme est définitivement rayé de leur vocabulaire ! Belle évolution ! en fait ce qui leur fait le plus plaisir c’est un chèque ! Eh oui ! Maintenant à 12 ans on a un compte bancaire ! Et, bien sûr, un téléphone portable ! (ce n’est pas pour autant que j’ai de leurs nouvelles plus souvent !) les monstres… ben tiens ! Moi, si je ne craignais pas des remontrances de ma fille (parce qu’elle aussi, elle a tout l’attirail qui sonne, qui bipe, qui vibre, qui SMSrise), je mettrais tout ça à la poubelle !
Quoi qu’il en soit, j’ai beau me lamenter, il va falloir y passer. En plus, ils sont malins, là je parle de mes enfants à moi, parce non seulement, les fêtes, ce n’est pas ma tasse de thé (voir plus haut !) mais de plus, le comble, c’est que c’est moi qui doit cuisiner ! Je l’entends encore, Clara, ma fille aînée, « mais, maman, c’est tellement mieux chez toi, tous nos souvenirs sont là, ce serait tellement dommage… » Ben voilà ! Du coup cette année c’est encore moi qui m’y colle ! J’ai quatre enfants, Clara, 35 ans, maîtresse femme, évidemment divorcée, elle a désintégré son mari qui est parti se réfugier dans les bras d’un autre homme. Ils ont eu le temps d’avoir un fils, Jérémy. Paul, lui, à 33 ans, il est marié avec Céline, ils ont quatre enfants, Apolline, Marie, Victor et Louison. Il voulait être prêtre, il a changé d’avis (ouf), il est commercial chez un éditeur de bondieuseries. On dira que c’est une version édulcoré du missionnaire ! Ils fréquentent assidûment tous les lieux de culte (catholique, va sans dire !). Emilien, mon troisième, est un poète. Il se cherche… il a 31ans, il vit d’amour, d’eau fraîche et surtout des émoluments que je lui consens, il est heureux semble-t-il ! Et enfin, le petit dernier, Grégory, 29 ans, le prince de la finance, qui voyage de paradis fiscal en place boursière pour le compte de ses clients. J’aurais préféré le savoir cadre au Crédit Agricole, plutôt que de l’imaginer gérer des comptes véreux (forcément) entre Andorre, le Libéria ou le Lichtenstein. J’ai souvent peur pour lui. Lui non plus n’a pas d’enfants. Il vient parfois avec quelque superbe plante qu’il ramène de ses voyages. La dernière de passage à la maison, était une magnifique noire, Kénira. Paul et Céline ont passé ce réveillon là à grincer des dents !
Bon, enfin ce n’est pas tout, il faut que je réfléchisse au menu du réveillon !
Suite...
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